Waking The Sleeping Bear : Plus Rien À Perdre
Le dernier clip de Waking The Sleeping Bear sonne comme une cure de jouvence à mes oreilles de quadragénaire. Dès les premiers hochements de tête, je me retrouve projeté au tout début des années 2000, à l’époque où j’écumais les concerts de Mass Hysteria, Pleymo, ou encore Tripod.
Ces années ont marqué l’émergence d’un sous-genre de néo-métal (ou nu-metal) fortement teinté d’électro et de rapcore, à la patte française bien reconnaissable. Vingt ans plus tard, les temps ont changé ; les quatre compères de Waking The Sleeping Bear réussissent cependant la prouesse de s’inscrire parfaitement dans ce mouvement, de la manière la plus naturelle qui soit.
Comme pour les autres morceaux de l’album Porno Future sorti en mai 2021, la production de « Plus rien à perdre » a été confiée au Kaktus Studio. Efficace et propre, le mix reste très cohérent avec le style musical. On appréciera en particulier la compression bien dosée sur le master. S’il peut sembler quelque peu anachronique en première écoute, le rendu final s’avère finalement très homogène, et très vivant.
Comme le veut la tradition issue de l’héritage du néo-métal français, les paroles, engagées et très actuelles, sont écrites et chantées en français dans un flow très convainquant.
Paroles
Plus rien que j’espère
y’a plus rien que j’espère
plus rien que j’espère
y’a plus rien que j’espère
–
non
–
je broie du noir
d’hydrocarbure
dépotoir d’inconscience pure
j’ai vu dans les yeux des gens le reflet de ma nature
–
crépuscule de feu sur une mer de pétrole
ce soir il fait chaud, de quoi se plaint-on ?
selon ma voisine « y a plus de saison »
Exxon et Total, eux, en rigolent
c’est l’été indien sous le cercle polaire
pas de quoi mettre un Trump en colère
j’pense aux prolos, aux décisionnaires
on respire la même atmosphère
le ciel brunit dans les basses-couches
on n’en fait pas cas dans la basse-cour
personne n’entend les appels au secours
on verra bien après la secousse
il ne restera qu’une exuvie
mode « construction » devient « survie »
sous le smog, la planète sous vide
je me demande qui va en souffrir
–
nos cendres voleront dans l’univers
nos poussières à tout jamais perdues
la Terre, c’est qu’un caillou de plus
à par la tête, et la planète, qu’est ce qu’il nous reste à perdre ?
y’a plus rien que j’espère
–
je broie du noir, soyez-en sûrs
c’est qu’une histoire de salissures
j’ai cru qu’en patientant
la mer dissoudrait mes ordures
–
nuages de mazout sur terres arides
joli dégradé de noir sur la carte postale
croisière pour l’enfer : c’est qu’une escale
on lavera nos péchés sous les pluies acides
c’est donc ça notre fresque ?
je la peins bêtement, sans y croire ou presque
jungle urbaine
malsaine
mais j’suis pas en reste
ma boule dans l’espace a trouvé sa peste
mère nature a la ménopause, pas cool
on ne distingue plus l’étoile de l’ampoule
innocent à la barre
j’aimerais mettre les voiles
sur un bateau qui coule
haha
« pas de notre faute » diront-ils
pas non plus de la mienne, c’est plus subtil
quand le vent nous balayera comme des Playmobils
j’irai noyer mon chagrin dans un bidon d’huile, ouais
–
nos cendres voleront dans l’univers
nos poussières à tout jamais perdues
la Terre, c’est qu’un caillou de plus
à par la tête, et la planète, qu’est ce qu’il nous reste à perdre ?
–
quand l’homme avance
l’humain recule
le ciel leur tombe sur la tête, mais il ne craignent que la croissance nulle
un corps mort
celui qui l’enterre
ont le même nombre de particules
–
plus rien à perdre
plus rien à perdre
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