Artiste : Lead Belly, une vie mouvementée !

Chez Bastringue Corp, comme vous l’avez déjà remarqué, nous aimons découvrir et faire découvrir des artistes dont nous apprécions le travail. Les personnalités présentes et futures font partie de notre crédo, alors pourquoi ne pas aussi parler de celles du passé qui ont marqué l’histoire de la musique et, éventuellement, les esprits du simple fait de leur vie ?…*
Pour cette première tentative, plutôt qu’une biographie complète, nous vous en proposons une succincte accompagnée d’un titre emblématique.
Lead Belly, c’est le pseudonyme de Huddie William Ledbetter, une figure du blues et du folk américains née en Louisiane, dans la ville de Mooringsport sur la fin du XIXe Siècle, dans les années 1880 – la date exacte est, semble-t-il inconnue. Chanteur et guitariste, son tout premier instrument sera cependant un accordéon que son oncle lui offrira pour ses cinq ans. Sa vie se fera entre musique et prison avant d’être découvert lors d’un de ses séjours carcéraux par John et Alan Lomax, qui enregistrèrent ses compositions puis intercéderont pour le faire gracier par le Oscar K. Allen, Gouverneur de Louisiane, en 1934. Il a créé et enregistré de très nombreux titres jusqu’en 1949 lorsqu’il entame une tournée en Europe qu’il n’achèvera jamais du fait d’une maladie l’empêchant de se produire en concert et qui le terrassera en décembre de la même année.
Des artistes ont repris certaines de ses chansons et réarrangés ses mélodies par la suite, comme, par exemple, une de ses collaborations avec James « Iron Head » Baker : Black Betty dont Ram Jam fera un hit, un standard incontesté et incontestable en 1977.
Si j’ai décidé, aujourd’hui, de vous parler de lui, c’est pour évoquer l’un de ses titres de 1938 qui m’a fait le découvrir assez récemment : The Scottsborro Boys, une chanson dans laquelle il évoque les péripéties de neuf jeunes Afro-Américains âgés entre douze et vingt ans venus, en 1931, du Nord des États-Unis d’Amérique pour un séjour à Scottsborro, dans l’Alabama. Cet événement marqua les esprits et fut une étape capitale dans les luttes contre les discriminations et le droit à un procès équitable pour chacun. Ces jeunes gens furent arrêtés, semble-t-il, pour avoir commis le méfait inqualifiable de poser leur regard sur des femmes blanches. Le chef d’accusation, au final, fut un double viol. Ils furent jugés en trois procès ayant duré moins d’une journée chacun par une justice expéditive. Coupables furent les sentences, et huit d’entre eux furent condamnés à la peine capitale, laquelle fut appliquée quinze jours après les « faits » qui leur furent reprochés. Il n’était pas bien vu, dans le Dixie et durant l’entre-deux-guerres, de ne pas avoir la peau blanche.
Lors d’une interview, Lead Belly déclarera : « So I advise everybody, be a little careful — best stay woke, keep their eyes open. », soit en français : « Je conseille donc à tout le monde d’être un peu prudent, de rester éveillé et de garder les yeux ouverts. » Et c’est de ces mots, ces simples mots : « Stay woke », que va naître un terme désignant une pensée aujourd’hui décriée dans les sphères politiques conservatrices : le wokisme.
Bastringue.fr est un média sans but lucratif. N’hésitez pas à partager notre article sur les réseaux sociaux afin de nous donner un coup de pouce.